Tout savoir sur le bilan thyroïdien


Qu’est-ce que le bilan thyroïdien ?

 

Le bilan thyroïdien est réalisé pour rechercher des troubles de la thyroïde, une glande située à la partie antérieure du cou, lieu de synthèse des hormones thyroïdiennes.

Les hormones thyroïdiennes, triiodothyronine (T3) et thyroxine ou tétraïodothyronine (T4), sont fabriquées par la thyroïde à partir de l’iode alimentaire et de l’iode recyclé, puis libérées dans le sang, l’ensemble de ces phénomènes étant sous la dépendance d’une hormone sécrétée par l’hypophyse, l’hormone thyréostimulante (TSH). Certains médecins précisent sur l’ordonnance « TSHus » (pour « ultrasensible »), mais toutes les méthodes de dosage utilisées actuellement sont ultrasensibles ; il s’agit donc de la même chose.

Les hormones thyroïdiennes circulent dans le sang essentiellement sous forme liée à des protéines de transport. Mais seule la fraction libre de ces hormones est active. C’est cette fraction libre (T3 “L ”, T4 “L ” pour “ libre ” ou “ F ”T3 pour “ free ” T3 et “ F ”T4 pour “ free ” T4) qui est dosée.

Les hormones thyroïdiennes interviennent sur la régulation du métabolisme de l’iode, la croissance osseuse, le dynamisme intellectuel, la libido, la thermogenèse, et ont pour effet une accélération globale des différents métabolismes.

Le médecin peut suspecter un manque d’hormones thyroïdiennes ou hypothyroïdie devant des signes comme une grande fatigue, une frilosité, des crampes, une constipation… Ou bien un excès d’hormones thyroïdiennes ou hyperthyroïdie qui peut être recherché devant un amaigrissement, des bouffées de chaleur, une agitation, des “ palpitations ” cardiaques…

Le bilan comporte dans un premier temps le dosage de la TSH, qui stimule la sécrétion des hormones thyroïdiennes, T4 libre (T4L) et T3 libre (T3L). Puis, si elle est anormale, le dosage de la TSH sera complété par celui de la T4L et/ou, dans certains cas, de la T3L.

La sécrétion de TSH dépend du rétrocontrôle des hormones thyroïdiennes ce qui signifie qu’une hyperthyroïdie entraîne une diminution du taux de TSH dans le sang alors qu’à l’inverse, une hypothyroïdie provoque son augmentation.

Le bilan thyroïdien est également utile au suivi des traitements des maladies de la thyroïde, pour en adapter la dose.

Par ailleurs, lorsqu’une hyper ou une hypothyroïdie est diagnostiquée, le médecin pourra compléter le bilan par la recherche d’anticorps antithyroïdiens pour aider à déterminer l’origine de la maladie, notamment rechercher une cause auto-immune : anticorps antithyroperoxydase (anti-TPO), anticorps anti-thyroglobuline (anti-Tg), anticorps anti-récepteur de la TSH (ou TRAK).

Enfin, le bilan thyroïdien est également prescrit dans le contexte d’un cancer de la thyroïde, au diagnostic et pour son suivi : les analyses demandées seront, selon les cas, la thyroglobuline et les anticorps anti-thyroglobulines ou la calcitonine.

 

Quelles analyses faire ?

 

  1. TSH (thyréostimuline ou hormone thyréostimulante) – Prélèvement par prise de sang veineux

 

  • Quelles sont les précautions particulières à prendre ?

 

Il est recommandé d’effectuer le prélèvement le matin (il n’est pas obligatoire d’être à jeun avant le prélèvement) car le taux de la TSH varie dans la journée (il peut augmenter l’après-midi, mieux vaut donc toujours doser la TSH le matin).

Penser à signaler d’éventuels traitements en cours car certains médicaments modifient les concentrations de TSH dans le sang ou interfèrent avec le dosage : anti-thyroïdiens de synthèse (Néomercazole®), hormones thyroïdiennes substitutives (L-thyroxine Roche®, Lévothyrox®, Euthyral®, Cynomel®), certains médicaments pour le cœur (amiodarone ou Cordarone®), le lithium, les interférons…

 Préciser également si vous êtes enceinte car les valeurs de référence de la TSH sont légèrement modifiées au cours de la grossesse.

 

  • Comment est interprété le résultat ?

 

La TSH est physiologiquement abaissée au premier trimestre de la grossesse, et élevée chez le nouveau-né (jusqu’à 5 jours de vie).

Elle augmente naturellement au cours de la vie et est souvent légèrement élevée chez les personnes âgées, ce qui ne traduit pas forcément une hypothyroïdie.

L’augmentation du taux sanguin de TSH est le signe le plus précoce d’une hypothyroïdie (fonctionnement insuffisant ou anormal de la glande thyroïde avec diminution des hormones thyroïdiennes).

A l’inverse, une diminution du taux sanguin de TSH signe le plus souvent une hyperthyroïdie (hyper-fonctionnement de la thyroïde avec augmentation des hormones thyroïdiennes).

Mais l’interprétation des variations des taux de TSH peut être plus complexe et nécessiter des examens complémentaires, notamment le dosage des hormones thyroïdiennes (T3L, T4L) et la réalisation d’une échographie de la thyroïde.

Dans le suivi thérapeutique, au cours des traitements de l’hyperthyroïdie par des médicaments “ antithyroïdiens de synthèse ”, un taux élevé de TSH persistant après 4 semaines doit conduire à diminuer la dose administrée. A l’inverse, au cours des traitements de l’hypothyroïdie par des “ hormones thyroïdiennes substitutives ”, un taux élevé de TSH persistant après 4 semaines doit conduire à augmenter la dose administrée.

 

  1. 2. Triiodothyronine libre (T3L) et thyroxine ou tétra-iodothyronine libre (T4L) – prélèvement par prise de sang veineux

 

  • Quelles sont les précautions particulières à prendre ?

 

Il est inutile d’être à jeun avant le prélèvement. Penser à signaler d’éventuels traitements en cours car de nombreux médicaments peuvent modifier les concentrations des hormones thyroïdiennes dans le sang ou interférer avec les dosages : anti-thyroïdiens de synthèse (Néomercazole®), hormones thyroïdiennes substitutives (L-thyroxine ®, Lévothyrox®, Euthyral®, Cynomel®), certains médicaments pour le cœur (amiodarone), le lithium, les interférons, l’héparine, …

Si vous prenez un traitement par hormone thyroïdienne, faites votre prise de sang avant de prendre vos médicaments le matin du dosage.

 

  • Comment est interprété le résultat ?

 

Les concentrations de T3L et T4L sont physiologiquement élevées chez le nouveau-né (pendant le premier mois). Elles sont souvent “ anormales ” chez les sujets âgés en raison des maladies qu’ils présentent ou des médicaments qu’ils prennent, et au cours de différentes maladies graves non thyroïdiennes : insuffisance rénale, insuffisance hépatique, cancers, cirrhose

En dehors de ces situations ou du suivi d’un traitement pour une maladie de la thyroïde, l’interprétation de ces dosages s’intègre dans le cadre du diagnostic des maladies thyroïdiennes.

Un taux élevé de T4L et/ou de T3L permet le plus souvent de confirmer un diagnostic d’hyperthyroïdie (hyper-fonctionnement de la thyroïde) caractérisée par un amaigrissement, des bouffées de chaleur, une agitation, des “ palpitations ” cardiaques…

A l’inverse, des taux sanguins bas d’hormones thyroïdiennes reflètent une hypothyroïdie (fonctionnement insuffisant de la glande thyroïde) dont les principaux signes sont une grande fatigue, une frilosité, des crampes, une constipation, une bouffissure du visage.

Dans tous les cas, l’interprétation diagnostique de ces dosages doit s’intégrer dans le cadre d’un bilan thyroïdien complet.

Au cours du suivi des traitements des maladies thyroïdiennes, le taux de T4L permet d’adapter la posologie (dose des médicaments), surtout au cours des 4 à 6 premières semaines, en attendant la normalisation de la TSH qui est plus tardive.

 

 

Bilan thyroïdien : explorations complémentaires

 

  1. 1. Thyroglobuline – prélèvement par prise de sang veineux

 

  • Quelles sont les précautions particulières à prendre ?

 

Il n’est pas obligatoire d’être à jeun avant le prélèvement de sang. Penser à signaler d’éventuels traitements en cours : en effet, le dosage de thyroglobuline doit, de préférence, être effectué 3 semaines après l’arrêt d’un traitement par hormonothérapie substitutive (thyroxine ou T4).

  • Comment est interprété le résultat ?

La thyroglobuline est une protéine fabriquée par la thyroïde et qui intervient dans la synthèse, le stockage et la libération des hormones thyroïdiennes dans le sang. Son dosage est utilisé comme marqueur de l’évolution d’un cancer de la thyroïde (cancer différencié, de type folliculaire ou papillaire).

La concentration de thyroglobuline dans le sang s’élève dans tous les cas de maladies thyroïdiennes, qu’elles soient bénignes (comme les thyroïdites ou l’hyperthyroïdie) ou malignes (cancers thyroïdiens). De fait, son dosage n’a pas d’intérêt diagnostique lorsqu’est suspecté un cancer de la thyroïde. En revanche, il est très utile au suivi des patients ayant un cancer de la thyroïde : après traitement, le taux de la thyroglobuline doit revenir à la normale (il doit même être presque nul si la thyroïde a été ôtée chirurgicalement). Toute nouvelle élévation du taux de thyroglobuline dans le sang fait craindre une récidive locale ou l’apparition de métastases cancéreuses qu’il faut impérativement localiser et traiter. Le taux de la thyroglobuline semble également bien corrélé à la masse de la tumeur.

 

  1. 2. Calcitonine – prélèvement par prise de sang veineux

 

  • Quelles sont les précautions particulières à prendre ?

 

Il n’est pas obligatoire d’être à jeun avant le prélèvement de sang. Penser à signaler un éventuel traitement par des médicaments utilisés contre le reflux gastrique comme l’oméprazole (Mopral®) ou l’ésoméprazole (Inexium®). Si vous avez un traitement de ce type, prenez votre médicament après la prise de sang.

 

  • Comment est interprété le résultat ?

 

La calcitonine est une hormone sécrétée par certaines cellules (les cellules C) de la thyroïde. Un taux élevé de calcitonine dans le sang oriente fortement vers le diagnostic d’un certain type de cancer de la thyroïde, le cancer médullaire de la thyroïde. Il existe cependant d’autres causes, rares, qui peuvent entraîner une augmentation, en général modérée, du taux de calcitonine : hyperthyroïdie, insuffisance rénale chronique, cirrhose,…

 

  1. 3. Anticorps antithyroïdiens

 

  • Quelles sont les précautions particulières à prendre ?

 

Il est inutile d’être à jeun avant le prélèvement.

 

  • Comment est interprété le résultat ?

 

Les anticorps antithyroperoxydase (anti-TPO), les anticorps anti-thyroglobuline (anti-Tg) et les anticorps anti-récepteur de la TSH (anti-TSHr) sont retrouvés dans le sang au cours de diverses maladies thyroïdiennes auto-immunes (hypothyroïdie/myxœdème primitif, maladie de Basedow, thyroïdite de Hashimoto,…) dont ils contribuent au diagnostic et au suivi.

Toute augmentation des anticorps anti-TPO (et/ou anti-Tg) dans le sang, associée à une anomalie thyroïdienne biologique ou clinique, est en faveur d’une maladie auto-immune de la thyroïde. La présence de ces auto-anticorps dans le sang, surtout lorsque leur taux est élevé, contribue donc essentiellement au diagnostic de ces maladies. Ils en permettent aussi le suivi.

Les anticorps anti-Tg sont également dosés chez les patients atteints de cancer de la thyroïde différencié, car ils peuvent gêner l’interprétation des dosages de thyroglobuline, et dans ce cas, devenir un marqueur de suivi de l’évolution du cancer.

Les anticorps anti-TSHr confortent le diagnostic de maladie de Basedow et sont utiles au suivi des patients atteints par cette maladie après traitement médical, radio-isotopique ou chirurgical de ces maladies. Ils peuvent aussi être demandés chez une femme enceinte qui présente une maladie auto-immune de la thyroïde, pour évaluer le risque d’une éventuelle maladie du même type chez le nouveau-né.

 

  1. Iode – iodémie : prélèvement par prise de sang veineux / iodurie : recueil des urines de 24 h

 

  • Quelles sont les précautions particulières à prendre ?

 

Il n’est pas obligatoire d’être à jeun avant le prélèvement de sang. Penser à signaler d’éventuels traitements en cours car de nombreux médicaments interfèrent avec le dosage : les produits de contraste iodés utilisés pour les examens radiologiques, certains médicaments pour le cœur (amiodarone : Cordarone®), les hormones thyroïdiennes substitutives (L-thyroxine ®, Lévothyrox®…) …

Pour le prélèvement d’urines, recueillir les premières urines du matin ou les urines de 24.

 

  • Comment est interprété le résultat ?

 

L’iode est indispensable à la fabrication des hormones thyroïdiennes. Il est apporté par l’alimentation et peut se trouver dans des médicaments. Habituellement capté et concentré par la thyroïde, il peut être impliqué dans différentes maladies thyroïdiennes.

Son dosage dans le sang ou les urines permet de déceler une éventuelle carence ou une surcharge en iode qui pourrait être à l’origine de troubles de la fonction thyroïdienne. Il permet aussi d’en suivre l’évolution.

Une élévation des taux d’iode dans le sang et/ou les urines traduit une surcharge iodée qui, le plus souvent, est secondaire à une prise médicamenteuse. Dès lors, il se peut que l’on n’observe rien au cours de certains examens nécessitant l’injection d’iode radioactif (scintigraphie thyroïdienne) car la thyroïde, saturée d’iode, n’est plus capable de « fixer » l’iode injecté.

Par ailleurs, l’iodémie ou l’iodurie s’élèvent légèrement en cas d’hyperthyroïdie. Elles sont parfois diminuées en cas d’hypothyroïdie.

 

Glossaire

  • Cirrhose : maladie fibreuse du foie.
  • Héparine : médicament anticoagulant administré par voie intra-veineuse ou intra-musculaire.
  • Hypophyse : glande située à la base du crâne, dont la partie antérieure (ou antéhypophyse) sécrète de nombreuses hormones.
  • Insuffisance hépatique : insuffisance de fonctionnement du foie.
  • Insuffisance rénale : insuffisance de fonctionnement du rein.
  • Maladie auto-immune : maladie due à un dysfonctionnement de l’organisme qui réagit contre lui-même par l’intermédiaire d’anticorps, fabriqués par certaines cellules du sang, les lymphocytes B.
  • Métastase : développement de foyers secondaires à une affection (cancer lorsqu’il s’agit de métastases cancéreuses), disséminés par voie sanguine ou lymphatique.
  • Thermogénèse : production de la chaleur chez les êtres vivants.
  • Thyroïde : glande située à la partie antérieure du cou. Lieu de synthèse des hormones thyroïdiennes.
  • Thyroïdite : inflammation de la glande thyroïde.
  • Tumeur : “ gonflement ” pathologique plus ou moins bien circonscrit. Une tumeur peut être bénigne (sans gravité), ou maligne. Une tumeur maligne est synonyme de cancer.

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