Tout savoir sur le bilan hépatique


Qu’est-ce que le bilan hépatique ?

 

Le bilan hépatique contribue à dépister d’éventuelles maladies du foie. Ces maladies du foie ou maladies hépatiques peuvent être aiguës (par exemple une hépatite virale aiguë) ou bien chroniques. Les maladies hépatiques chroniques sont fréquentes, souvent silencieuses, c’est-à-dire sans symptômes, mais elles évoluent et peuvent conduire à des complications sévères comme la cirrhose et, à plus long terme, un cancer du foie.

 

Les maladies hépatiques chroniques sont définies par des anomalies du bilan hépatique pendant plus de 6 mois. Elles peuvent être dues à une infection virale, une intoxication par un médicament, l’alcool, un excès de fer, de cuivre ou d’autres causes plus rares, mais le plus souvent, elles sont dues à une surcharge en graisses du foie. Ces maladies, appelées stéatoses hépatiques non alcooliques, touchent 20 à 25 % de la population en France et sont liées à la « malbouffe » et à la sédentarité. Elles concernent principalement des personnes de plus de 50 ans, en surpoids ou obèses, ayant un diabète, une hypertension artérielle et/ou une anomalie du bilan lipidique. Il est important de les dépister pour mettre en place des mesures préventives et ainsi, éviter la survenue des complications.

 

Un bilan hépatique sera donc demandé par votre médecin dans différentes circonstances : devant des signes comme une grande fatigue, le teint et le blanc de l’œil jaunes, une perte d’appétit et/ou des troubles digestifs. Mais aussi chez toute personne qui présente des facteurs de risque de maladie hépatique chronique, comme un alcoolisme, un excès de poids, de sucres ou de lipides dans le sang, une hypertension artérielle.

 

Le bilan hépatique comprend le dosage de plusieurs enzymes fabriquées (au moins en partie) par le foie : les transaminases (ALAT ou GPT et ASAT ou GOT), les phosphatases alcalines (PAL), la gamma-glutamyl transpeptidase ou gamma-glutamyl transférase (Gamma-GT) et la bilirubine. Ce bilan sanguin peut parfois être élargi à d’autres paramètres, notamment à la mesure du taux de prothrombine (TP) ou à la numération des plaquettes. Il permet de mettre en évidence différents syndromes : l’insuffisance hépatique (ou hépato-cellulaire), la cytolyse, la cholestase (avec ou sans ictère), l’inflammation.

 

 

Quelles analyses faire ?

 

  1. Gamma GT (GGT) – Prélèvement par prise de sang veineux

 

  • Quelles sont les précautions particulières à prendre ?

 

Il n’est pas obligatoire d’être à jeun pour le prélèvement. Penser à signaler d’éventuels traitements en cours car certains médicaments peuvent interférer avec le dosage, notamment des antidépresseurs, des oestro-progestatifs, des anti-épileptiques ou des antipyrétiques.

 

  • Comment est interprété le résultat ?

 

La GGT est une enzyme retrouvée dans de nombreux organes (foie, rein, intestin…). Le plus souvent, son augmentation dans le sang reflète un mauvais fonctionnement des voies bilaires et donc du foie ou une intoxication alcoolique chronique. Elle s’élève dans ce cas après 3 semaines d’alcoolisme quotidien (ou 1 à 2 semaines après réalcoolisation) et diminue lentement en cas de sevrage (environ de moitié après 3 à 4 semaines).

Elle peut également augmenter dans le sang au cours du diabète, de l’insuffisance cardiaque, de l’infarctus du myocarde, de l’hyperthyroïdie ou même en cas de surpoids. De plus, les gamma GT sont élevées dans le sang chez 2 à 5 % des sujets « normaux », sans cause particulière. Attention donc à ne pas conclure trop vite, devant une augmentation des gamma-GT, que la personne est « alcoolique », car c’est souvent totalement faux !

 

 

  1. Transaminases : GOT ou ASAT et GPT ou ALAT – Prélèvement par prise de sang veineux

 

  • Quelles sont les précautions particulières à prendre ?

 

Il n’est pas obligatoire d’être à jeun pour le prélèvement. L’alcool et certains médicaments peuvent entraîner leur augmentation (contraceptifs oraux, anti-épileptiques, …).

 

  • Comment est interprété le résultat ?

 

Présentes dans un grand nombre de tissus, ces enzymes sont de bons marqueurs de certaines maladies du foie ou du coeur.

Leurs « valeurs normales » varient légèrement avec l’âge et le sexe et peuvent différer d’un laboratoire à l’autre.

Leur augmentation dans le sang signe une cytolyse, c’est-à-dire une destruction cellulaire, principalement dans le foie ou le coeur.

Ainsi, leur concentration sanguine s’élève au cours de l’infarctus du myocarde et, de façon très importante, au cours de toutes les hépatites, qu’elles soient d’origine virale, médicamenteuse ou toxique. Leur taux s’élève également en cas de problème biliaire, au cours des cirrhoses et des cancers du foie.

 

 

  1. Phosphatases alcalines- Prélèvement par prise de sang veineux

 

  • Quelles sont les précautions particulières à prendre ?

 

Il n’est pas obligatoire d’être à jeun pour le prélèvement. Penser à signaler d’éventuels traitements en cours car certains médicaments peuvent interférer avec ce dosage (contraceptifs oraux, hypolipémiants, anticoagulants, anti-épileptiques…).

 

  • Comment est interprété le résultat ?

 

Les phosphatases alcalines (PAL) sont des enzymes présentes surtout dans le foie et les os, mais aussi dans l’intestin, le placenta, les reins et les globules blancs. Leur dosage dans le sang est utile pour le diagnostic et le suivi de certaines maladies du foie ou des os.

Le taux des PAL est normalement plus élevé chez l’enfant en raison de la croissance osseuse.

L’élévation des PAL dans le sang reflète le plus souvent une cholestase qui peut être due à une hépatite, une cirrhose, un cancer ou d’autres maladies des voies digestives. Elle peut aussi traduire un remaniement osseux observé, par exemple, en cas d’ostéomalacie ou de cancer des os.

 

 

  1. Bilirubine totale et bilirubine conjuguée – Prélèvement par prise de sang veineux

 

  • Quelles sont les précautions particulières à prendre ?

 

Il n’est pas obligatoire d’être à jeun pour le prélèvement.

Penser à signaler d’éventuels traitements en cours car certains médicaments peuvent interférer avec le dosage, notamment une contraception orale ou un neuroleptique comme la chlorpromazine (Largactil®).

 

  • Comment est interprété le résultat ?

 

La bilirubine est un pigment jaune présent dans la bile et, à plus faible concentration, dans le sang. On distingue deux fractions de la bilirubine : la bilirubine libre (ou indirecte) et la bilirubine conjuguée (ou directe), c’est-à-dire transformée par le foie avant d’être éliminée dans les urines. Lorsque la bilirubine totale est augmentée dans le sang, il est utile de savoir quelle fraction (directe ou indirecte) est augmentée.

L’élévation anormale de la bilirubine dans le sang se traduit par une « jaunisse » ou ictère et reflète un mauvais fonctionnement du foie et de la vésicule biliaire.  L’augmentation de la bilirubine peut aussi refléter une hémolyse, c’est-à-dire une destruction des globules rouges, car cette destruction libère de la bilirubine dans le sang.

Les dosages de bilirubine servent à mieux comprendre la cause d’un ictère. En effet, on différencie les « ictères à bilirubine libre », qui sont plutôt dus à un excès de destruction des globules rouges et les «  ictères à bilirubine conjuguée », plutôt liés à une maladie biliaire ou hépatique.

 

 

Glossaire

 

Anti-pyrétiques : médicaments qui font tomber la fièvre (exemple : paracétamol, ibuprofène).

 

Cholestase : ensemble des manifestations dues à la diminution ou à l’arrêt de la sécrétion de la bile.

 

Cirrhose : maladie « fibreuse » du foie.

 

Enzyme : protéine qui rend possible et accélère diverses réactions biochimiques dans l’organisme.

 

Hémolyse : destruction des globules rouges. Les globules rouges sont normalement détruits dans la rate au bout de 120 jours (durée de vie normale des globules rouges), mais en cas d’ « hyperhémolyse », la destruction des globules rouges est plus précoce et plus importante.

 

Hépatite : Inflammation du foie. Elle peut être d’origine virale, médicamenteuse, toxique, alcoolique ou auto-immune.

 

Hyperthyroïdie : augmentation de la sécrétion des hormones thyroïdes par la glande thyroïde.

 

Hypolipémiants : médicaments destinés à normaliser le bilan lipidique (taux de lipides ou graisses dans le sang).

 

Ictère : coloration jaune de la peau et des muqueuses.

 

Insuffisance hépatique : insuffisance de fonctionnement du foie.

 

Neuroleptiques : médicaments du système nerveux central exerçant un effet «  calmant ».

 

Ostéomalacie : maladie osseuse due à un défaut de minéralisation de l’os.

 

Syndrome : ensemble de symptômes.

 

 

 

 

Bibliographie

https://afef.asso.fr/


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